Appel à communications : colloque « Domestication et communautés hybrides : Cohabiter, coévoluer, coopérer »

Domestication et communautés hybrides

Cohabiter, coévoluer, coopérer

Colloque international organisé dans le cadre de la Pépinière interdisciplinaire CNRS-PSL « Domestication et fabrication du vivant »

14-15 avril 2016

Musée du Quai Branly

et Muséum national d’histoire naturelle (Paris)

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Les études sur la domestication ont connu un profond renouvellement ces dernières années. Archéologie, biogéochimie, génétique, psychologie évolutionnaire, éthologie, philosophie et anthropologie changent notre regard sur la complexité des processus continument renouvelés par lesquels hommes, plantes et animaux en viennent à constituer des communautés hybrides. La diversité des voies et des formes prises par la domestication rend impossible un modèle univoque centré sur une volonté humaine de domination du vivant. À travers les diverses formes de domestication – commensalité engagée à l’initiative d’animaux anthropophiles, apprivoisement dirigé, bioproduits génétiquement modifiés, etc. – se pose la question des rôles respectifs des stratégies humaines et des facteurs non-humains, des prédispositions des végétaux et animaux et des adaptations et apprentissages réciproques induits.

La diversité des scénarios rend nécessaire un approche ouverte, affranchie des dichotomies strictes domestique/sauvage, utile/nuisible, et prenant en compte des formes d’association interspécifiques comme l’apprivoisement, le mutualisme, la synanthropie et le parasitisme, qui ont pu constituer des étapes ou des détours dans le processus de domestication. Certaines associations apparaissent non par la volonté humaine mais en dépit d’elle, comme l’illustrent les cas du rat noir ou des « mauvaises herbes » qui s’épanouissent dans les niches anthropisées.

Dans ce colloque, nous proposons de réunir des approches de différentes disciplines prenant en compte ces agentivités multiples et leurs coévolutions. Sans se limiter à la relation dyadique domesticateur-domestiqué, on tentera de développer une perspective triadique sur les dynamiques interactionnelles qui associent et transforment l’homme, le codomestique (végétal ou animal) et leur habitat partagé. Cet habitat partagé peut être le corps humain lui-même, sa surface et ses organes (poux, champignons, bactéries), la maison humaine (chat, hirondelle des fenêtres, étable dans la maison, etc) ou la niche écologique humaine (végétaux cultivés, adventices, bétail, etc). Dans cette perspective, on sera attentif à la réciprocité des adaptations : l’homme a-t-il été « piégé » par les espèces dont il a accepté la présence et entamé la gestion et le stockage ? Comment ces espèces transforment son mode de vie, faisant de lui un agriculteur, un éleveur ? Rejoignent-elles les humains en tant que bioproduit, partenaire, parasite, valeur d’échange, symbole religieux ? On s’intéressera particulièrement au co-habitat : comment l’habitat partagé crée-t-il un terrain d’entente permettant la familiarisation et l’établissement de relations durables, éventuellement personnalisées, entre individus d’espèces différentes ?

La domestication a fait naître de nouvelles formes interspécifiques de communication, de coopération et de cognition sociale (à la différence du chimpanzé, le chien, la chèvre, le cheval sont réceptifs à la communication intentionnelle) : quels sont les terrains d’entente (common ground) et les codes sur lesquels s’établit la communication entre espèces codomestiques ? Comment les animaux coopèrent-ils dans la monte, le travail, la traite et quel est le rôle de ces coopérations dans le processus de domestication ?

Les contributions pourront notamment porter sur des thèmes aussi variés que l’archéologie des premières domestications, la domestication des microbes, des insectes, les apprivoisements d’animaux sauvages, le bio-art contemporain, l’attachement et l’empreinte, l’ethnographie multi-espèces…

On attendra des communications que, sur la base d’une enquête ou d’une expérience empirique, elles proposent des éléments de réflexions sur la notion de domestication.

Les propositions de communication, en français ou en anglais, inférieures à 2000 signes, sont à envoyer avant le 15 novembre 2015 aux adresses : charles.stepanoff@ephe.sorbonne.fr et charlotte.marchina@inalco.fr  

Les réponses aux propositions seront communiquées par le comité d’organisation avant le 15 décembre 2015.

Comité d’organisation : Charlotte Marchina (Institut national des langues et civilisations orientales), Charles Stépanoff (École pratique des hautes études), Jean-Denis Vigne (CNRS, Muséum national d’histoire naturelle).

Comité scientifique : David Anderson (University of Aberdeen), Olivier Bignon-Lau (CNRS), Florence Brunois (CNRS), Carole Ferret (CNRS), Charlotte Marchina (INALCO), Perig Pitrou (CNRS), Charles Stépanoff (École pratique des hautes études), Jean-Denis Vigne (CNRS, Muséum national d’histoire naturelle).